Vendredi 5 juillet à 18h00, dans les locaux de la médiathèque, Didier Rey, Professeur des Université à l’Université de Corse, nous présentera son dernier ouvrage Jalons pour une histoire de la Corse de 1755 à 2018.

Ce modeste ouvrage ne prétend à rien d’autre que d’offrir au lecteur, à la lectrice, quelques repères dans l’histoire moderne et contemporaine de la Corse, lui permettant ainsi d’avoir une vision synthétique des différents enjeux sur les deux siècles et demi écoulés, puisque la période retenue s’étend de l’instauration du Gouvernement national, en 1755, à la naissance de la Collectivité unique, en 2018.

On identifiera sans peine quatre grandes périodes d’importance inégale à travers les sujets traités. La première (1755- milieu du XIXe siècle) correspond à la fin de la l’italianité culturelle et aux résistances diverses consécutives à la conquête de 1769. La deuxième, chronologiquement plus étendue, formant un long XIXe siècle (≈1850-1945) qui peine à disparaitre, permet de percevoir les modalités polymorphes – y compris douloureuses – de l’adhésion à la France, notamment à travers l’importance des conquêtes coloniales et des guerres. Pour autant, il y sera aussi question de développement économique manqué, de tourisme et de rapport à l’altérité ; sans oublier un regard sur les Corses de l’extérieur. La troisième s’attache aux profonds bouleversements que connait l’île, entre 1958 et 1976, qui de la « mise en valeur » ardemment espérée, conduisirent finalement à Aleria, à la naissance d’un nationalisme clandestin et armé ; le tout sur fond de profondes mutations socioculturelles, y compris sportives. La dernière, enfin, donne un aperçu de la situation de la Corse entre la fin du XXe siècle et les premières décennies du XXIe siècle, notamment en s’interrogeant sur la place des femmes dans une société insulaire longtemps marquée par la suprématie masculine, ainsi que sur la poussée, qui semble irrésistible, de la violence à caractère mafieux et de la misère.

Le choix de ces bornes chronologique, pour toujours arbitraire qu’il puisse paraître, comme peut l’être le choix des thèmes traités, n’en correspond pas moins à une logique s’inscrivant dans la longue durée historique. Certes ces critères pourront être critiqués et jugés partiels, voire partiaux. Nous les assumons cependant pleinement et voici pourquoi :

D’une part parce que les dates retenues marquent, à leur manière, des ruptures ou, à tout le moins, des évolutions sensibles dans le cours des choses. En 1755, l’élection de Pasquale Paoli allait donner à la Révolution corse une impulsion décisive ainsi que son caractère le plus achevé, notamment par la mise en place d’un État moderne et structuré, disposant d’une constitution et d’une université. Cet État, disparu sous les coups des envahisseurs français, se verra bientôt élever au rang de mythe, retravaillé et réinterprété jusqu’à nos jours, non sans contradictions ni falsifications parfois. L’année 2018 quant à elle, ne peut, évidemment, prétendre à être comparée à sa glorieuse devancière, pour autant elle n’en marque pas moins la fin d’un cycle et une ouverture sur une situation totalement inédite. En effet, pour la première fois depuis les années 1880, le vieux système clientélo-claniste qui structura et marqua si profondément la vie politique, économique et socioculturelle de la Corse et des Corses, a été jeté politiquement à bas par les victoires des nationalistes, entre 2015 et 2017, tout autant que par leur suprématie dans le champ culturel. Dans le même temps, l’instauration d’une collectivité unique donnait à l’île une configuration politique elle aussi totalement nouvelle alors que, socialement, la misère effectuait son retour au premier plan, avec une intensité que l’on ne lui avait plus connue depuis cent ans au moins ; sans parler de ses formes inédites.

D’autre part, parce que ainsi délimitée, la période offre une incontestable unité dans sa diversité et permet ainsi de lire les mutations de ces vingt-six décennies et leurs effets jusqu’à nos jours, indiquant par là-même le caractère ancien de certaines situations et leur reformulation, quelques fois sous un jour pas si neuf que cela, à l’image de la question de la langue, du tourisme, du développement économique ou du rapport au centre. En effet, on identifiera sans peine quatre grandes périodes d’importance inégale à travers les sujets traités. La première (thèmes 1 à 4) correspond à la fin de la l’italianité culturelle et aux résistances diverses consécutives à la conquête de 1769. La deuxième (5-17), chronologiquement plus étendue, formant un long XIXe siècle qui peine à disparaitre, permet de percevoir les modalités polymorphes – y compris douloureuses – de l’adhésion à la France, notamment à travers l’importance des conquêtes coloniales et des guerres. Pour autant, il y sera aussi question de développement économique manqué, de tourisme et de rapport à l’altérité ; sans oublier un regard sur les Corses de l’extérieur. La troisième (18-25) s’attache aux profonds bouleversements que connait l’île dans ce que l’on peut nommer « Les Vingt décisives » (J.F Sirinelli), entre 1958 et 1976, qui de la « mise en valeur » ardemment espérée, conduisirent finalement à Aleria, à la naissance d’un nationalisme clandestin et armé ; le tout sur fond de profondes mutations socioculturelles, y compris sportives. La dernière (26-34), enfin, donne un aperçu de la situation de la Corse entre la fin du XXe siècle et les premières décennies du XXIe siècle, notamment en s’interrogeant sur la place des femmes dans une société insulaire longtemps marquée par la suprématie masculine, ainsi que sur la poussée, qui semble irrésistible, de la violence à caractère mafieux et de la misère.

Didier Rey